La ferme de Coste d'Orb - Les petites histoires du Haut-Languedoc
Chaque mois, découvrez qui sont les professionnels engagés du Haut-Languedoc.
Porteurs de la marque Valeurs Parc, ces hommes et ces femmes œuvrent pour leur territoire tout en étant engagés dans le respect de la nature.
Aujourd'hui, faisons connaissance avec la ferme de Coste d'Orb
L'oignon de Tarassac : tout un héritage à valoriser
Le jeudi 11 juillet 2024, lors d’une belle journée ensoleillée on rencontre Guilhem dans son fief, la vallée de L’Arnoye sur la commune de Lunas (extrémité est du Parc du Haut-Languedoc).
Guilhem Raynaud est entré dans la marque Valeurs Parc en 2023, pour sa production d’oignons de Tarassac.
CP : Dis-nous tout ! Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que fais-tu ?
G.R : Alors, je suis Guilhem Raynaud, je cultive l’oignon de Tarassac et aime me définir comme un paysan passionné et résistant. Avec ce qui m’est arrivé il faut l’être passionné et surtout résilient. (Guilhem fait référence aux crues qui ont ravagées ses terres en 2023 et qui ont mis à mal ses projets). Marqué par l’histoire et la relation que j’entretenais avec mon grand-père, qui était paysan mineur, j’ai voulu continuer à valoriser ses propriétés, dans la famille depuis plusieurs décennies.
Ce genre de propriétés est assez typique du coin, mais elles ont pour la plupart été abandonnées. Je suis fier de leur donner une nouvelle vie et de poursuivre le travail qui s’est fait auparavant.
Je suis aussi infirmier libéral, un métier qui permet de jongler avec mes activités agricoles.
C.P : Et l’oignon de Tarassac, tu nous le présentes ? Depuis quand le cultives-tu ?
G. R : Il existe 5 souches d’oignons de Tarassac identifiées, qui sont typiques de la haute vallée de L’Orb. Son énorme atout est sa rusticité. Il se travaille facilement en agriculture biologique. Il est très peu sensible aux maladies et est adapté aux conditions climatiques. Il se cultive parfaitement dans ce terroir de granit rose de Mendic, c’est-à-dire une terre drainante. La souche que je cultive a été sélectionnée au hameau de Serieys (commune de Lunas).
Ma première rencontre avec cet oignon a lieu en 2020, lorsque j’ai découvert le livre d’Yves et Marie Giraud. Intéressé par leur histoire et étonné d’apprendre qu’ils vivaient juste à côté de chez moi, je suis allé toquer à leur porte pour leur parler de ma volonté de cultiver une variété locale sur les terres de mes ancêtres et surtout dans le but d’échanger sur les pratiques paysannes. Je valorise aujourd’hui mes terres grâce à eux. Ils organisent notamment la Fête de l’oignon au Bousquet-d’Orb, qui aura lieu cette année le 13 octobre 2024, fête à laquelle je participe depuis 2 ans.
De la graine à la vente on le manipule 7 à 8 fois : semis - plants - arrachage du plant - repiquage du plant - arrachage - séchage - couper la queue - enlever la première peau.
A la base, la culture de l’oignon de Tarassac était une culture vivrière et familiale. Les gens de la vallée avaient pour habitude d’acheter les plants d’oignons produits par des paysans du hameau de Tarassac, à la foire du 2 mai de Bédarieux. L’arrosage est fait par différents membres de ma famille, lors du repiquage je fais appel à une quinzaine personnes, amis et proches. Puis pendant 5 à 6 mois de l’année, on enlève la première peau des oignons de la récolte annuelle. On fait ça en famille et les meilleur(e)s arrivent même à peler 15kg de l’heure.
C.P : Pourquoi devrait-on tous découvrir/manger de l’oignon de Tarassac ?
G.R : Parce ce qu’il est d’ici et qu’il est bio. Il est doux et très sucré. On peut le déguster aussi bien cru que cuit et il se conserve merveilleusement bien. Finalement consommer de l’oignon de Tarassac c’est un aussi faire un acte engagé.
C.P : Qu’est-ce qui te rend fier ?
G.R : Je pense à deux choses :
- Avoir pu reprendre la propriété et faire quelque chose de ces terres-là. D’un point de vue agricole, elles ne valent pas grand-chose. Lorsque j’ai repris tout était à l’abandon.
- Réussir à les valoriser autant et en particulier avec une variété locale, en faisant honneur et référence à une identité locale.
C.P : Ça ressemble à quoi une journée type de Guilhem Raynaud ?
G.R : Je suis tous les jours aux champs, mais ce que j’y fais dépend de la période. Mon travail évolue au fil des saisons. Le début de la culture commence à la fin de l’automne avec les semis, que nous devons surveiller de près car ils sont très sensibles, notamment à l’excès d’eau. On sème les oignons en janvier. Ensuite, vers le mois d’avril, a lieu le repiquage et à partir de là il faut un arrosage très régulier. Puis on ramasse début août et peu de temps après on coupe le pampe et on les laisse sécher. À la fin de l’été et une bonne partie de l’automne, on est à l’intérieur pour peler des oignons.
« Pour le cultiver il faut privilégier une parcelle adaptée, notamment une abritée et bien exposée pour le semis et avoir un bon accès à l’eau. Il est préférable de tout maîtriser, de la semence à l’oignon. »
C.P : 3 mots pour décrire l’oignon de Tarassac ?
G.R : Résilient, doux, identité
C.P : Qu’est-ce que tu souhaites pour l’avenir ?
G.R : Que ce produit puisse être représentatif et emblématique de son territoire : la Haute Vallée de l’Orb. Et que davantage de producteurs le cultivent, en gardant une certaine démarche, respectueuse du produit de qualité qu’il représente. Nous ouvrons une boutique pour la vente directe, elle sera ouverte 1 après-midi par semaine, le mercredi après-midi à partir de fin septembre au hameau de Cazilhac sur la commune du Bousquet d’Orb.Nous y vendrons des oignons et des produits transformés. J’espère que nous aurons du monde.
C.P : Une recommandation pour le savourer ?
G.R : Il y en a plusieurs, vous pouvez le déguster cru en salade avec un peu de Pélardon, en tarte tatin oignons-Roquefort, en soupe, en beignets ou tout simplement doré à la poêle. Pour accompagner une viande. C’est un produit esthétique et savoureux.
La ferme de Coste d'Orb – 34 038 Le Bousquet d'Orb
Guilhem Raynaud
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