Christian Itty - Journal du Parc 2025

Portraits Journal du Parc 2025

Découvrez 17 portraits inspirants, des hommes et des femmes qui insufflent vie et dynamisme à notre territoire. 

Christian Itty

Résumé

Publié le 08/04/2020

Engagées et passionnées, ces personnalités incarnent l’essence même du Parc et de ses initiatives. Ces hommes et ces femmes œuvrent pour leur territoire.

Aujourd'hui, faisons connaissance avec Christian Itty.

Christian Itty - Conservateur de la réserve de chasse et de faune sauvage du Caroux-Espinouse

Ce matin rendez-vous à Castanet-le-Haut ; routes sinueuses, landes et élevages ponctuent notre voyage jusqu’à ce petit village de l’Espinouse tout au nord du département de l’Hérault. Nous rencontrons Christian Itty, il incarne cet équilibre entre passion pour la nature et rigueur scientifique, dans une région où chaque geste compte pour préserver un patrimoine unique.

Qui êtes-vous ?

Je suis Christian Itty. Mon parcours professionnel a débuté à la suite d’un BTS Gestion et Protection de la Nature obtenu en 1999. J’ai alors travaillé pendant six ans dans une réserve littorale du Morbihan (la RNR des marais du Loc’h), spécialisée dans la préservation des oiseaux d’eau. En 2005, après avoir réussi un concours administratif, j’ai intégré l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (devenu maintenant Office Français pour la Biodiversité - OFB). J’ai d’abord été affecté au sein du service départemental du Finistère de l’ONCFS comme agent technique de l’environnement, où mes missions étaient principalement axées sur la police de l’environnement.

Par la suite, j’ai exercé au sein du service départemental des Alpes-Maritimes de l’ONCFS en 2007 et 2008, puis au Parc national des Cévennes en 2009 et 2010 en tant que garde-moniteur du Parc. En décembre 2010 après la réussite du concours de techniciens de l’environnement, je suis revenu à l’ONCFS et j’ai rejoint le Massif du Caroux-Espinouse. Ici, j’ai souhaité me recentrer sur des missions de gestion, de conservation et de connaissance, tout en conservant des actions de police environnementale.

Quelle est votre profession ?

Je suis conservateur de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS) du Caroux-Espinouse depuis 2010 pour l’OFB. Ce rôle polyvalent inclut la gestion, la conservation, le suivi scientifique, la sensibilisation et une composante de réglementation. Je supervise aussi des stagiaires et apprentis qui nous soutiennent dans nos missions. Cet espace a toujours servi pour former des jeunes. On ne pourrait pas décliner tout ce que l’on fait sans eux.

Pouvez-vous nous parler du Massif du Caroux et de la RNCFS ?

Le Massif du Caroux, culminant à 1 124 mètres, est une zone de moyenne montagne dans l’Hérault. Sa biodiversité exceptionnelle provient de son positionnement sur la ligne de partage des eaux entre influences méditerranéenne et atlantique. La RNCFS couvre 1 658 hectares avec une protection rigoureuse qui limite les activités humaines à des sentiers balisés. La réserve protège des habitats variés, allant des milieux rocheux aux tourbières, en passant par des landes, des pelouses et bien sûr des forêts. Cette mosaïque de paysages favorise la coexistence d’une faune et d’une flore riches. On y retrouve par exemple le Pic noir, l’Aigle royal, la Rosalie des Alpes ou encore des plantes endémiques comme l’Armérie de Malinvaud.

Rosalie des Alpes (ci-dessus)

Pic noir (à gauche)

Armérie de Malinvaud (ci-dessous)

Historiquement, les premières actions de préservation sur le massif remontent aux années 1930 (avec l’inscription du site des Gorges d’Héric le 30/07/1934). Puis il y a eu un projet de Parc National du Caroux dans les années 50, porté notamment par Jean Prioton, un conservateur des eaux et forêts, mais aussi par Félix Mounis et Gilbert Massol. Il a débouché dans la création de la RNCFS, en 1973, qui est co-gérée par l’OFB et l’Office National des Fôrets (ONF), mais aussi la même année la création du PNR du Haut Languedoc. 

«   Aujourd’hui, la RNCFS s’inscrit dans une dynamique où la gestion vise à conserver une biodiversité riche et diversifiée, notamment en veillant à maintenir un équilibre entre milieux ouverts et forestiers. Une des mesures pour parvenir à la conservation de cette biodiversité c’est la réglementation : la cueillette et les prélèvements y sont très règlementés, voire interdits. Dans la même lignée, il n’est pas autorisé de sortir des sentiers. Il y a globalement une bonne acceptation et très peu d’infractions constatées ».

La règlementation est connue et portée par le territoire, à l’origine même du classement de la RNCFS.

Pouvez-vous expliquer vos missions ?

Mes missions se partagent entre travail de terrain (40%) et bureau (60%). Sur le terrain, je réalise des suivis de faune et de flore, encadre des actions de gestion et applique la réglementation. Je suis également impliqué dans la sensibilisation, en accueillant des groupes.

Au bureau, je coordonne la gestion administrative, planifie les actions, mets en œuvre les plans de gestion, et analyse en partie les données collectées sur le terrain. Un travail exigeant mais indispensable pour garantir l’efficacité des mesures de conservation.

Quel est votre lien avec le Parc ?

Les sites Natura 2000 du Caroux-Espinouse, animés par le Parc, englobent en totalité le périmètre de la réserve. Tout ce qui est fait en Natura 2000 l’est de fait sur la réserve, et inversement. Cela nous permet de mener des actions communes ou complémentaires, de nous entraider entre structures pour mener à bien des projets d’inventaires. Par exemple, nous poursuivons actuellement des inventaires d’arbres remarquables qui ont débuté sur le périmètre de la réserve l’année dernière et qui seront mis en place également par le PNR au titre de Natura 2000 pour élargir la zone d’étude. Nous travaillons également sur le lancement d’un projet de suivi du Pic noir, une espèce emblématique qui a d’ailleurs justifié la création de ce site Natura 2000. Le Parc, via l’animation Natura 2000 suivra et participera au besoin à ce projet. Le Parc peut aussi s’appuyer sur les projets d’étude et de suivis que nous portons et finançons afin d’affecter le budget Natura 2000 sur d’autres taxons ou d’autres types d’actions. Il s’agit de créer une cohérence entre nos projets.

Une action emblématique de la réserve ?

Le suivi du Mouflon méditerranéen est une mission clé : nous avons plus de 50 ans de données sur cette espèce.

«   On continue à travailler sur le mouflon car c’est un des douze sites au monde où on a le plus de recul sur une espèce de grand ongulé ».

Ce recul nous permet de pouvoir évaluer l’impact que peuvent avoir les changements de gestion, de fréquentation ou encore climatiques grâce à un suivi précis des individus : déplacements, périodes d’activité, réactions ou adaptations face à la fréquentation humaine, la prédation, aux conditions météo, à l’évolution des différents milieux, etc.

Grâce à toutes les actions menées, la biodiversité continue d’être préservée dans cette réserve qui représente un véritable trésor écologique.

Pourquoi avoir choisi de vivre dans le Haut-Languedoc ?

Pour un amoureux de la nature, c’est un cadre parfait. Les paysages sauvages et préservés offrent une diversité incroyable. Même si le climat peut être rude en hiver sur le massif, la quiétude des lieux et la proximité avec les écosystèmes en font un lieu de vie exceptionnel. 

Crédits photos: Florence Itty, Tela Botanica, Shutterstock.