Marjorie Leusiau - Journal du Parc 2025

Portraits Journal du Parc 2025

Découvrez 17 portraits inspirants, des hommes et des femmes qui insufflent vie et dynamisme à notre territoire.

Publié le 10/04/2020

Engagées et passionnées, ces personnalités incarnent l’essence même du Parc et de ses initiatives. Ces hommes et ces femmes œuvrent pour leur territoire.

Aujourd'hui, faisons connaissance avec Marjorie Leusiau.

Marjorie Leusiau - MEMBRE D'HELIOTOP - Pardailhan

A bord de la Zoé électrique du Parc (d’ailleurs disponible à la location sur Turo), nous rejoignons le petit village de Pardailhan connu pour son célèbre navet et bientôt pour ces habitants engagés comme celle que nous allons rencontrer. Nous sommes attendus à la mairie avec un café bien chaud.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Marjorie Leusiau, habitante de Pardailhan depuis les années 90. Originaire d’ailleurs, je me suis installée ici après des études de géographie, motivée par un terrain de recherche sur l’agrotourisme dans les hauts cantons. Mon directeur de maîtrise était Pierre Derioz. Très vite, j’ai ressenti un profond attachement à ce territoire. Avec mon conjoint, nous avons créé notre propre activité, d’abord légumière puis artisanale, qui nous a amenés à parcourir la France. Nos racines se sont profondément ancrées ici, au pays du légume racine.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous impliquer dans la vie locale ?

En 2008, je suis devenue conseillère municipale, ce qui m’a ouvert les portes d’une implication plus grande dans la vie locale. J’ai commencé avec des luttes collectives, notamment contre une décharge locale, puis contre les éoliennes de Riols. Ces combats ont révélé une communauté unie, déterminée à préserver son territoire. Mais il était important de ne pas seulement être "contre" quelque chose. Cela nous a amené à réfléchir à des projets positifs et constructifs pour le territoire. C’est comme ça qu’est né le projet d’Heliotop.

Parlez-nous d’Héliotop ?

En 2018 nous nous sommes rapprochés du Parc et notamment de son chargé de mission Energie car nous souhaitions promouvoir les énergies citoyennes et locales. Tout a commencé par des visites organisées par le Parc naturel régional dans des endroits comme dans le Gard ou le Luberon, où des initiatives similaires avaient déjà vu le jour (Les Survoltés et les Centrales villageoises du Pays d’Aigues). Cela nous a motivés à créer une association en 2018, Électron Villageois, pour porter un projet similaire sur le Haut-Languedoc. Petit à petit, nous avons réuni des citoyens, des partenaires et des ressources pour développer des installations photovoltaïques sur des bâtiments existants. Le Parc a mis à notre disposition des moyens techniques et humains dont nous ne disposions pas, il nous a fait découvrir le modèle des centrales villageoises qui par la suite nous ont soutenus et parrainés avec Jean-Michel Bostetter de la centrale villageoise des Pays d'Aigues.

Qui compose aujourd’hui Héliotop ?

L'Electron Villageois ayant rempli sa mission de précurseur, nous avons créé la SAS Heliotop, avec des statuts proches de ceux d’une coopérative. On est 8 membres au conseil de gestion. Sybille Saint-Girons, la présidente, est une véritable cheville ouvrière, maîtrisant parfaitement les outils coopératifs. Frédéric Gleizes, armurier à Saint-Pons, a apporté son large réseau, notamment au moment de la levée de fonds. Franck Tssai, adjoint à Pardailhan, et Franck Lignon, maire de Saint-Étienne-d’Albagnan, ont joué un rôle déterminant dans la relance du projet. Bruno Thomas, entrepreneur dans le bâtiment à Prémian, offre un soutien technique. Enfin, Claude Albanes habitant de Pardailhan et Bernard Collet, ancien banquier vivant à St Pons, apportent des compétences complémentaires.

Et quel est votre rôle à vous dans cette aventure ?

Je suis un peu partout ! Je touche à la communication, à l’administratif, et j’accompagne mes collègues au quotidien. J’essaie de suivre les dossiers, d’être disponible et d’entretenir l’esprit collectif et coopératif. Mon rôle est d’être un soutien constant pour le groupe.

Quels sont les projets en cours ?

Début 2024 on a mis un coup de boost au niveau de la collecte des actions pour toucher une subvention régionale. On a réussi à avoir plus de 57 000 euros de la part de la Région Occitanie dans le cadre d'un appel à projet 1€ citoyen / 1€ Région et 796 actions détenues par 147 actionnaires privés, généralement des habitants du Minervois-Caroux, et quatre personnes morales dont le Parc naturel régional. C’est une belle réussite.

« Ce qui est intéressant dans cette démarche c’est de motiver les habitants et citoyens, sur un projet commun, concret et dans lequel ils peuvent être acteurs ».

En étant actionnaire, vous pouvez être décisionnaire. L’idée est d’utiliser l’épargne locale pour la mettre dans un projet qui nous appartient. Nous travaillons actuellement sur l’installation de panneaux photovoltaïques sur quatre bâtiments : un poulailler à Rieussec, le bâtiment communautaire Bio Orb à Mons, la salle de rencontres de Pardailhan et la salle polyvalente de Saint-Étienne-d’Albagnan. Cela représente une capacité totale significative de 275 kilowatt-crête. Les chantiers sont en cours, les installations devraient être opérationnelles d’ici le printemps 2025.

Un conseil pour ceux qui voudraient se lancer dans des projets similaires ?

Prenez le temps de bien vous entourer. Trouvez des parrains expérimentés, explorez chaque étape en profondeur – administrative, technique, financière – et avancez progressivement. La clé est de constituer une équipe solide, car ce type de projet demande une grande implication.

Et à ceux qui voudraient vous rejoindre ?

Nous avons réalisé le gros du travail sur Héliotop, mais nous avons besoin de renforts pour aller encore plus loin. C’est un projet collectif où chacun peut jouer un rôle, à son rythme. Si vous voulez contribuer à un avenir durable, local et coopératif, rejoignez-nous !

Qu’est-ce qui vous motive à rester et à vous investir à Pardailhan ?

La beauté du paysage, la qualité de vie, les relations humaines.