Jean Rouanet - Journal du Parc 2025

Portraits Journal du Parc 2025

Découvrez 17 portraits inspirants, des hommes et des femmes qui insufflent vie et dynamisme à notre territoire. 

Jean Rouanet Dormilaine

Résumé

Publié le 21/03/2020

Engagées et passionnées, ces personnalités incarnent l’essence même du Parc et de ses initiatives. Ces hommes et ces femmes œuvrent pour leur territoire.

Aujourd'hui, faisons connaissance avec Jean Rouanet.

Jean Rouanet - Gérant de Dormilaine - St-Amans-Valtoret

Un lundi de septembre, nous partons à la rencontre de Jean Rouanet et de sa collaboratrice Anne-Lise Sènes à Saint-Amans-Valtoret. Le bâtiment où ils nous reçoivent est en bordure du Thoré, dans une ancienne usine de l’industrie du délainage. L’architecture du bâtiment et les murs épais témoignent de son passé industriel, et, ici et là, de grandes machines trônent. Jean incarne un savoir-faire ancestral, avec la volonté de faire perdurer la filière lainière française, en s'inscrivant dans une démarche locale et durable.

Qui êtes-vous ?

Je m'appelle Jean Rouanet. Mon parcours est un croisement d'expériences professionnelles qui m'ont conduit à la situation actuelle. Mon père, ancien directeur de la Société lainière du Bascaud, une entreprise de lavage de laine, a été à l'origine de ma passion.

J'ai donc logiquement fait des études agricoles. Ce qui m’a amené à travailler en tant que salarié agricole et tondeur. Puis à rejoindre une usine de délainage où j’ai appris à classer la laine tout en continuant à tondre. Je me suis installé à mon compte en 1988 en tant que tondeur et collecteur de laine en faisant de la revente à des négociants.

Quelle est votre activité?

Dans les années 1990, la surproduction de laine dans l’hémisphère sud a provoqué la chute des cours au niveau mondial. C'est alors que j’ai décidé de me tourner vers la fabrication de produits finis, pour donner de la valeur à cette ressource locale. Nous proposons des matelas, sommiers, couettes, surmatelas, oreillers et couvertures. 

«  Mon objectif est de valoriser la laine locale, en travaillant avec des éleveurs de la région».

Quelle laine utilisez-vous, et pourquoi ?

Si la laine des brebis Lacaune est majoritaire dans notre région, nous utilisons aussi d'autres laines, en particulier des laines plein air provenant du croisement de différentes races. 

 Nous avons deux types de laine : celle des bergeries, plus courte et fine, et celle de plein air, plus longue et moins fine. La laine est une ressource naturelle locale qui mérite d’être mise en valeur. Ce qui me motive, c’est de montrer aux éleveurs que leur laine n’est pas un sous-produit, mais une ressource agricole à part entière. Cette activité pourrait représenter une part des revenus des éleveurs.

Quels défis rencontrez-vous dans votre activité ?

La filière lainière en France est en déclin, la laine française est souvent perçue comme une ressource de seconde catégorie. Une grande partie de la laine est envoyée à l’étranger pour la transformation, car nous avons très peu d'infrastructures adaptées en France. Depuis la crise du Covid, les filières d’export se sont essoufflées. Nous avons dû réapprendre certains savoir-faire et trouver des solutions locales pour valoriser cette matière. Le plus grand défi reste de convaincre les éleveurs de traiter leur laine comme un produit à part entière et non comme un déchet.

 

Comment s’organise votre production ?

Nous récoltons la laine principalement entre mars et juillet, et la production de nos matelas et sommiers se fait sur commande, avec des délais allant de 10 jours à un mois et demi. 

Nous sous-traitons certaines opérations (lavage et fabrication des couvertures), mais la majorité du travail est faite en interne. Le recrutement d’Anne-Lise, depuis 2020, permet de revaloriser et transmettre des savoir-faire traditionnels. Nos clients viennent visiter notre atelier, et cela participe à la redécouverte d'une pratique et d’un milieu qui avaient quasiment disparu.

 

Comment voyez-vous l’avenir de la filière lainière en France ?

Il est essentiel de changer les mentalités. La laine doit retrouver sa place comme produit agricole. Cela nécessite de rétablir une chaîne de valeur locale, de la récolte à la transformation, en passant par la formation des éleveurs. Je crois aussi en la valorisation de la laine à travers des produits finis de qualité, en renforçant les liens avec les éleveurs et en promouvant une agriculture respectueuse des ressources. Nous sommes encore loin de retrouver le niveau d’exploitation de la laine des années 50-60, où elle représentait 4 à 5% des revenus des éleveurs, mais nous avançons dans la bonne direction.

Pourquoi avoir rejoint la marque Valeurs Parc ?

C'est une démarche cohérente avec mes valeurs. La marque Valeurs Parc permet de renforcer notre communication, d'augmenter notre visibilité, et surtout, de valoriser le travail avec les éleveurs locaux. Elle met en avant le respect des ressources naturelles et la production locale, ce qui est exactement ce que je cherche à promouvoir à travers mes produits.

«  La laine a une histoire riche dans le Haut-Languedoc, mais elle a presque disparu. Aujourd'hui, je fais tout pour redonner vie à cette filière».

Crédit photo: PNRHL - C. Planes